Les toits de Paris et l’UNESCO

Les savoir-faire des couvreurs-zingueurs parisiens et des ornemanistes ont été inscrits sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.

Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du PCI, réuni à Asunción, République du Paraguay, du 2 au 7 décembre 2024, a approuvé la candidature portée par le Syndicat des entreprises de génie climatique et couverture plomberie (GCCP). Bravo au GCCP qui a su faire preuve de persévérance pour mettre en avant des métiers encore trop souvent dépréciés et qui peinent à recruter. Il convient aussi de saluer le travail de Gilles Mermet, photographe et journaliste indépendant qui s’est passionné pour les toits de Paris et le travail des couvreurs et ornemanistes. Il a été le promoteur efficace, résilient et enthousiaste de cette candidature.

Si le chantier de Notre-Dame a pu influencer en bien le jury, il s’agit plutôt du Paris haussmannien qui est célébré ici. Et surtout des savoir-faire qui permettent d’entretenir ce patrimoine. Les toits de Paris sont constitués à 80% de zinc, ce qui en fait un conservatoire des savoir-faire dans le travail de ce métal utilisé à la fois comme élément d’étanchéité et d’ornement. Et comme un métier vivant n’est jamais figé, c’est aussi un terrain d’innovation, notamment en termes d’isolation thermique.

Les savoir-faire des couvreurs zingueurs parisiens et des ornemanistes rejoignent ainsi au Patrimoine culturel immatériel, le Compagnonnage et l’art du Trait de charpente.

Rencontre sur les toits de Paris : Yann Edet, Compagnon couvreur, et son apprenti Grégoire Michaud-Cornetto, nous font prendre de la hauteur en nous présentant leur métier.

Yann a 24 ans, il est Compagnon couvreur à Paris. Inspiré par son père qui était lui aussi couvreur, il passe un CAP puis un Bac PRO Couverture à l’Institut Européen de Formation des Compagnons du Tour de France (IEF-CTF) à Mouchard dans le Jura. Une fois diplômé, il part sur son Tour de France, puis fait un BP couverture à l’IEF-CTF afin de compléter sa formation. Il travaille aujourd’hui dans l’entreprise Roussière à Paris, où il est le tuteur de Grégoire, 15 ans, en 1re année de CAP Couverture en alternance à l’IEF-CTF.

 

Le métier de couvreur-zingueur

Un métier passion pour ceux qui l’exerce, le métier de couvreur-zingueur a la particularité d’en mettre plein la vue car : « C’est en hauteur, j’aime bien. Et puis on touche différents matériaux, du zinc, de l’ardoise, et beaucoup d’autres » explique Grégoire.

Une définition du métier que Yann vient compléter : « C’est un métier d’extérieur où on travaille sur toutes sortes de bâtiments. C’est vraiment ça pour moi l’avantage de la couverture, les chantiers, les toits, les matériaux changent régulièrement, donc on n’a jamais le même cadre de vie. C’est un métier où on ne s’ennuie pas, il y a toujours des choses à découvrir. »

Couvreurs et ornemanistes au PCI 2 Couvreurs et ornemanistes au PCI 5

Chantier parisien

Le chantier où travaillent Yann et Grégoire est un « Chantier typique parisien, à la Mansart, donc en ardoise et en zinc. Là on est en train de travailler sur plusieurs parties du bâtiment en même temps. On refait le support de couverture, c’est-à-dire qu’on enlève les anciennes voliges et on redresse la charpente pour avoir quelque chose de droit. Ensuite, on revolige donc on vient remettre du zinc neuf par-dessus, du zinc quartz ; c’est un zinc coloré, c’est pour ça qu’il y a une petite couche de plastique de protection dessus », décrit le Compagnon couvreur.

 

Le tutorat

Être le tuteur d’entreprise d’un jeune alternant c’est une responsabilité, « Le tuteur c’est le référent : on est responsable de l’apprenti et en même temps c’est à nous de lui apprendre et de lui faire découvrir le métier » affirme Yann. À cela Grégoire soutient qu’avec « L’alternance on apprend en pratiquant et c’est vraiment quelque chose qui m’intéressait particulièrement. Même quand on n’est pas en entreprise, on fait pas mal de pratique, ce qui est bien avec l’IEF-CTF c’est qu’on est beaucoup plus autonome que dans un lycée professionnel classique, notamment car on est très souvent en atelier. »

Sur le tutorat, Yann ajoute que « ce qui compte c’est d’intéresser les jeunes au métier, qu’ils se sentent bien et de leur donner envie de continuer en leur transmettant tous nos savoirs. »

 

Un métier reconnu au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO

Aux yeux de ceux qui l’exercent, « cela veut dire qu’on représente quelque chose et que c’est un métier important. C’est une belle reconnaissance pour nous », soutient Yann.

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Mockup 5.1

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