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Agricol Perdiguier, dit Avignonnais la Vertu

Un nouveau regard sur le Compagnonnage

Agricol Perdiguier, dit Avignonnais-la-Vertu (1805-1875), marque incontestablement une grande page dans le Livre d’histoire du compagnonnage français. Ayant effectué son Tour de France chez les Compagnons menuisiers du Devoir de Liberté de 1822 à 1828, il retire de ce premier voyage des sentiments de tristesse. Profondément choqué par les rixes et les querelles entre sociétés adverses, il décide alors de quitter son village natal, Morières-lès-Avignon, où il était pourtant revenu pour reprendre l’atelier de son père, afin de retourner à Paris pour faire entendre sa voix prêchant la paix et la concorde entre les Devoirs. De 1834 à 1838, il publie quelques chansons et poèmes à la gloire de la fraternité et de la tolérance entre rites.

Le véritable début de l’action menée par Perdiguier se situe en 1839 lorsqu’il fait paraître une de ses œuvres majeures, Le Livre du compagnonnage. Dès la parution de cet ouvrage, de nombreux Compagnons crient au scandale car Perdiguier est le premier à oser dévoiler aux yeux d’un public profane le contenu de certaines cérémonies, évoquant même les légendes ainsi que des symboles et, objectif essentiel de son livre, invitant l’ensemble des Compagnons à une réconciliation. Des personnalités littéraires et politiques découvrent alors en Perdiguier un homme attachant qui mérite d’être aidé dans sa généreuse entreprise. George Sand est la première à se manifester. Dès lors, une longue amitié va s’établir entre eux, à tel point qu’en 1840, la célèbre romancière s’inspire de Perdiguier pour rédiger son roman Le Compagnon du Tour de France.

François Icher, Docteur en histoire
Revue de la Société d’encouragement aux métiers d’art


Le message d’Avignonnais la Vertu

Avignonnais la Vertu, appuyé financièrement par Sand, peut entreprendre un second Tour de France afin de mieux faire connaître ses idées et ses projets. Les éditions Pagnerre, très réputées à l’époque, donnent à Perdiguier une dimension plus populaire, en éditant en 1841 le Livre du compagnonnage. Le menuisier du faubourg Saint-Antoine devient l’ami de personnalités tels Michelet, Victor Hugo, Lamartine, Arago, Béranger, Flora Tristan… Dans les rangs compagnonniques, on commence enfin à être attentif au message d’Avignonnais-la-Vertu. De tous les devoirs, des messages de sympathie viennent encourager un projet de rénovation difficile à porter.

L’expérience politique tente Perdiguier. En 1848, il est élu représentant du peuple dans le Vaucluse et à Paris. Il opte pour la capitale mais, le 2 décembre 1851, le coup d’état de Louis-Napoléon lui vaut l’exil en Belgique puis en Suisse. Il profite de cette épreuve pour écrire le second ouvrage essentiel de son œuvre, Mémoires d’un Compagnon. De retour d’exil, Perdiguier constate avec amertume que beaucoup d’efforts restent encore à fournir pour, à défaut d’unifier, du moins pacifier le Tour de France. La guerre de 1870 et l’épisode tragique de la Commune mettent en lumière un Perdiguier de moins en moins influent sur un compagnonnage en pleine crise d’identité.

Avignonnais la Vertu meurt le 26 mars 1875, ayant échoué dans son projet de réforme de l’institution compagnonnique. Néanmoins l’œuvre de Perdiguier est immense et résonne encore dans les rangs des compagnonnages actuels. Chaque année, à la Toussaint, des gerbes sont déposées par les différents compagnonnages sur sa tombe au cimetière parisien du Père-Lachaise. Son message, très difficile à véhiculer, eut cependant l’immense mérite de mettre progressivement un terme à ces rixes entre adversaires, ce qui valut à Perdiguier le surnom de “Saint Vincent-de-Paul du compagnonnage”.

Le XIXe siècle est celui de tous les contrastes. Le compagnonnage puissant des premières décennies cède rapidement la place à un compagnonnage en proie à une crise d’identité très profonde. Entre temps, une voix s’est élevée afin de proposer une réforme de l’institution, mais le message d’Agricol Perdiguier se heurte à la révolution industrielle qui marque le déclin du compagnonnage français.


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