Fédération Compagnonnique Fédération nationale

1887-1889 la Tour Eiffel, cathédrale des temps modernes

Le défi de la modernité

Si la révolution industrielle entraîne un déclin incontestable de l’institution compagnonnique dans sa globalité, il convient cependant de nuancer le tableau dans la mesure où certains corps de métier relèvent avec succès le défi de la modernité.


En ce sens, l’exemple des Compagnons charpentiers est significatif d’un compagnonnage toujours soucieux d’adaptation aux nouvelles techniques et lois du monde du travail. Ainsi, en cette fin de siècle, la tour de Gustave Eiffel est levée par une quarantaine de Compagnons charpentiers (Indiens et Soubise) qui assurent le succès et la gloire d’un projet fort controversé à ses débuts.

Rassemblés sous l’autorité du chef levageur Eugène Milon, dit Guépin le Soutien de Salomon (1859-1917), âgé tout juste de 27 ans à l’époque, les Compagnons charpentiers acceptent de relever le pari lancé par Eiffel à tous ses détracteurs. Puis vint le projet « Tour Eiffel ». Il fut chargé de conduire le chantier de montage, sous les ordres de Jean Compagnon, promu ingénieur. Eugène Milon dut d’abord recruter le personnel dont il avait besoin. Il lui fallait trouver des hommes qui, comme lui, maîtrisaient la pratique du levage... Il allait devoir faire appel à des charpentiers. Eugène Milon deviendra directeur de la Tour Eiffel et le restera jusqu’à sa mort prématurée, il allait avoir 58 ans. A la science du trait, Eugène Milon ajoutera celles de la mécanique, de l’hydraulique, de l’électricité et même de l’aérodynamique... sans pour autant renier son état de compagnon charpentier bois.

Du 26 janvier 1887 au 31 mars 1889, le compagnonnage de la charpenterie lève un des monuments les plus visités du monde et signe une des plus belles pages de son histoire déjà glorieuse. Les Compagnons manifestent ainsi de la plus noble des manières leur formidable capacité d’adaptation, gage d’un avenir plus souriant pour un compagnonnage en pleine tourmente. Flèche de cathédrale en acier, la tour Eiffel indique désormais le chemin à suivre en invitant les sociétés compagnonniques à associer deux mots qui, pour le compagnonnage contemporain, constituent l’identité profonde de leur institution: Tradition et Modernité.

François Icher, Docteur en histoire
Revue de la Société d’encouragement aux métiers d’art


La difficulté du montage du 1er étage résidait dans le départ à la base des arbalétriers qu'il fallait diriger dans une position inclinée "en porte à faux" pour rencontrer les poutres horizontales du 1er étage. L’assemblage parfait fut réalisé grâce à des vérins hydrauliques qui assurèrent le mouvement de chaque pied et surtout un dispositif original d’échafaudage surmonté de boîtes à sable qui se vidaient pour régler l’inclinaison des arbalétriers.

Le 2e étage fut monté à l’aide de grues qui empruntent le chemin des ascenseurs. Les pièces entièrement usinées aux ateliers Eiffel furent rivetées sur place. Montée comme un meccano géant comprenant 15.000 pièces métalliques et 2,5 millions de rivets, la tour fut inaugurée le 31 mars 1889.


Eugène Milon

Eugène Milon, dit Guépin le Soutien de Salomon (1859-1917): sous son autorité de chef levageur, une quarantaine de Compagnons charpentiers assurent à eux seuls le succès du levage de la Tour Eiffel. Eugène Milon a aussi été chef de chantier pour Eiffel sur les ouvrages suivants:
– Viaduc de la Tardes en Creuse
– Pont de la ligne de Questembert à Ploërmel dans le Morbihan
– Pont de Moranne sur la Sarthe en Maine et Loire
– Pont de la ligne de Caen à Aunay dans le Calvados
– Pont de la ligne de Vire à St Lô dans la Manche.
– Ponts et passerelles de la gare d’Evreux.
Il deviendra à la fin de sa carrière le directeur d'exploitation de la tour Eiffel.


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