Actualités Une année à Saint-Barthélemy
Mon tour de France s’est enrichi cette année d’une étape dans les Antilles françaises, à Saint-Barthélemy, pour une durée d’un an. Je suis le 2e aspirant de la société des Compagnons passants bons drilles couvreurs zingueurs, plombiers et plâtriers du devoir du tour de France à avoir la chance de partir travailler dans cette petite île d’Outre-Mer !
C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai embarqué fin août 2023 pour la 4e étape de mon tour de France ; cette fois, pas de changement de ville en voiture mais en avion ! Le voyage est long (9h30), il faut passer par l’île voisine de Saint-Martin avant de prendre un petit avion d’une dizaine de places pour Saint-Barthélemy. Il n’y a pas d’aéroport capable d’accueillir un long courrier, la piste est courte et l’arrivée est spectaculaire au ras d’un rond-point et des voitures !
Je découvre alors un décor de carte postale, un tout petit paradis d’à peine 21 km² !
La vie sur l’île
Même si c’est l’été en métropole lorsque j’arrive, ce qui me surprend le plus, c’est la chaleur humide et la température quasiment identique le jour et la nuit. D’ailleurs, elle stagne en moyenne à 27° toute l’année ! La 2e chose qui m’a surpris, c’est que la nuit tombe toute l’année entre 18h et 19h.
L’île est volcanique, le sol est sec et montagneux, impossible d’y installer de grandes plantations comme ailleurs aux Antilles ; elle a été assez pauvre jusque dans les années 60 lorsque le tourisme de luxe s’est développé. Il y a également une grosse population de Portugais, la plupart travaillant dans le BTP, qui viennent ici pour l’argent, car les salaires sont élevés. En France, on connait l’île surtout grâce à Johnny Halliday, enterré là-bas (à quelques centaines de mètres de mon logement !). Elle est remplie d’animaux, les plus étonnants pour moi ont été les coqs (il y en a partout, qui chantent toute la journée), il y a également des tortues, des iguanes, des bernard-l’ermite, des scolopendres…
J’ai partagé une grande maison avec deux autres itinérants menuisiers : Yannis Olivier et Lucas Buisson. Nous n’avons pas eu à chercher un logement, la maison est louée à l’année par nos entreprises, sans quoi ce serait trop compliqué de se loger sur l’île.
On circule principalement en scooter et en quad, d’autant que les routes sont en béton et en mauvais état. On vit dehors toute l’année et même s’il pleut souvent, la pluie ne dure pas et l’air reste chaud. Pendant la période cyclonique entre juin et novembre, j’ai connu une alerte importante, finalement la trajectoire a dévié et l’île ne fut pas touchée, mais c’est impressionnant d’être confiné chez soi, avec les fenêtres et les volets cloués de l’extérieur pour se protéger du vent !
Ici le compagnonnage reste bien présent, tous les ans une Saint-Joseph est organisée à Saint-Martin, réunissant les compagnons et itinérants de la Fédération, de l’Association et de l’Union des îles voisines. Des cours du samedi sont également organisés à Saint-Barthélemy avec les itinérants menuisiers dans l’entreprise de Nathan Benchimol, Compagnon menuisier, où j’ai pu réaliser des développés de zinguerie et des chantiers école. Comme nous ne sommes pas nombreux, il y a beaucoup de partage avec les autres sociétés compagnonniques et avec l’Association Ouvrière.
La vie en entreprise
J’ai travaillé 9 mois dans l’entreprise CCD (Construction, Charpente, Design), une entreprise de charpente et couverture d’une dizaine de personnes, principalement des charpentiers : nous n’étions que deux couvreurs de formation dans l’entreprise : Antoine Brusson, Compagnon couvreur sur place depuis maintenant 3 ans et moi. Un 3e collègue nous a rejoint au mois de juin : Lorenzo Guillet, Compagnon couvreur.
Les toits sont réalisés en bardeaux de bois, en tôles, en zinc et en aluminium. Le bois utilisé vient de Guyane, il s’agit du Wapa, un bois rouge qui prend une couleur grise avec le temps, facile à travailler (fixé par des agrafes). C’est l’équivalent du tavaillon en métropole. J’ai réalisé de très nombreux chantiers en Wapa, car l’entreprise travaille essentiellement pour des constructions neuves, et elles sont quasiment toutes réalisées avec cette technique. La norme anticyclonique impose des constructions carrées à quatre pans, sur un seul niveau, sans étage et sans lucarne. Cela permet aussi de ne pas dénaturer le paysage avec des maisons trop imposantes. J’ai travaillé sur des chantiers magistraux, souvent des villas de luxe.
Les loisirs
Malgré le travail, on se sent quand même un peu en vacances : le beau temps toute l’année, les plages, les paysages… J’ai beaucoup profité de la mer, notamment avec la pêche au harpon et la plongée sous-marine. C’est une des activités incontournables sur l’île, les fonds marins sont particulièrement riches dans la mer des Caraïbes. J’ai passé différents niveaux de plongée et j’ai pu explorer des sites spectaculaires de jour comme de nuit.
Je me suis aussi inscrit dans l’équipe de rugby : les Barracudas ! Le rugby est un sport plutôt populaire là-bas, et les matchs se font contre les îles voisines, j’ai donc eu la chance de partir avec l’équipe pour disputer des matchs en Guadeloupe et à Saint-Martin.
Un des grands événements sur l’île (et d’ailleurs dans toutes les Caraïbes), c’est le Carnaval : pendant un jour, tout le monde s’arrête de travailler : petits et grands mettent leur plus beau déguisement et défilent dans les rues de Gustavia jusqu’à tard dans la nuit.
Je suis très honoré d’avoir eu la chance de vivre cette expérience sur cette île paradisiaque. Nos étapes du Tour de France sont toujours très riches et pleines de souvenirs, mais je garderai sans aucun doute une place à part pour cette année incroyable, un peu hors du temps et de l’actualité.
Marius Mesnier
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