Gwendal Lecomte, écoconstructeur

Rencontre avec Gwendal Lecomte, Compagnon maçon spécialisé dans le bâtiment ancien et les matériaux biosourcés.

 

Passionné depuis l’enfance par l’architecture ancienne et les bâtiments anciens, Gwendal Lecomte obtient, après son Tour de France, une licence DMRP (Diagnostic, Maintenance et Réhabilitation du Patrimoine) à Limoges. Il se met ensuite à son compte et s’associe avec un de ses amis ingénieur thermicien. Parallèlement, il est également formateur.

 

Gwendal dispense en effet des formations RGE («reconnu garant de l’environnement», théorique) et aussi dans le domaine de l’économie d’énergie (pratique) c’est-à-dire de la ventilation simple, double flux, pose d’étanchéité à l’air et pose d’isolant. Si aujourd’hui le Compagnon maçon enseigne dans ces domaines c’est parce qu’il a «trois casquettes», explique-t-il : «Celle d’artisan effectuant des tests d’étanchéité à l’air, celle du DPE (Diagnostic à Performance Énergétique) et celle du formateur. En fait, les deux premières me permettent de nourrir l’aspect formation grâce à des exemples concrets».

La maçonnerie du bâtiment ancien

Avant d’être formateur, Gwendal a été chef de chantier sur des monuments historiques. «Le donjon de Vincennes c’était vraiment un chantier d’exception», raconte-t-il avant d’expliquer que «c’est le plus haut donjon d’Europe, il fait 55 mètres de haut. J’ai travaillé sur la colonne centrale, c’est-à-dire sur la structure». Un tel chantier fait partie de la maçonnerie du bâtiment ancien. Il est considéré que ce qui a été construit avant 1948, fait partie du bâtiment ancien. C’est une spécialisation de la maçonnerie moderne et qui requiert des techniques plus particulières, «on est sur des techniques très normées dans le bâtiment neuf tandis que sur l’ancien on appelle cela des techniques traditionnelles. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale on a énormément construit de neuf, on a perdu une grande partie du savoir-faire du bâtiment ancien et on s’est intéressé à normaliser le bâtiment neuf car on avait à ce moment-là un gros besoin de construction», détaille Gwendal.

Les techniques de la maçonnerie du bâtiment ancien ont su faire leurs preuves au fil du temps. Le Compagnon maçon énonce que «le Panthéon à Rome tient depuis 2000 ans». Le monument, qui est fait de béton mélangé avec du tuf volcanique et de la pierre ponce, sans armature métallique, est encore intact aujourd’hui. «Ce sont des bâtiments qui nécessitent beaucoup moins d’énergie à la production que les bâtiments modernes, c’est forcément l’avenir. L’avenir, ce sera de la restauration et non de la construction neuve, c’est certain», énonce Gwendal.

Écoconstruction et matériaux biosourcés

L’écoconstruction et la maçonnerie du bâtiment ancien sont intrinsèquement liées puisqu’à «partir du moment où on travaille dans le patrimoine on est directement en écoconstruction puisqu’on utilise de la chaux, du sable, de la brique, de la brique de terre crue», déclare Gwendal.

À noter qu’il existe une différence entre les matériaux géosourcés et biosourcés, «géosourcé c’est issu du minéral et de la terre, cela fait référence à la géologie et biosourcé c’est issu du végétal, éventuellement de l’animal», indique le maçon.

Les matériaux utilisés dans le bâtiment ancien sont renouvelables, réutilisables, Gwendal affirme que «si je mets en pièce un bâtiment ancien, à part peut-être les tuiles qui ne sont plus en très bon état, on peut réemployer la charpente pour faire autre chose, on peut récupérer la pierre, on peut récupérer le sable pour reconstruire quelque chose».

 

Quel impact écologique ?

Il y a une réelle différence en termes d’impact écologique entre les matériaux biosourcés et les matériaux non-biosourcés. «Les produits biosourcés comme la paille, le chanvre, consomment peu d’énergie grise, l’énergie grise étant ce qui est nécessaire pour fabriquer le produit. À l’inverse, les produits non-biosourcés comme le polyuréthane ou la laine de roche, consomment beaucoup d’énergie grise», dévoile Gwendal. Puis, il continue son explication détaillée, «on observe donc une grosse différence entre tous ces genres de matériaux. Même sur des produits géo et biosourcés transformés, par exemple pour obtenir de la ouate de cellulose, je caricature mais le produit est récupéré et déchiqueté par une centrifugeuse. Pareil, si vous faites de la laine de verre vous récupérez de la silice ou du verre recyclé qu’il faut réchauffer à très, très, forte température, donc on utilise beaucoup d’énergie».

Dans le département du Lot, ils sont quelques artisans comme Gwendal à utiliser des matériaux traditionnels, «on est en train de travailler sur des isolants en terre et en paille. La terre est prise sur place, le chanvre est produit dans le Lot donc plus local que ça, ça devient difficile».

Du point de vue de la durabilité, une fois encore, les matériaux biosourcés marquent des points, «ce qui est génial avec le matériau terre c’est que vous pouvez par exemple, faire ce qu’on appelle une cloison en torchis, certaines cloisons des bâtiments anciens sont faites en pans de bois remplis de terre et de paille. En rénovation, on prend cette terre et cette paille sèche, on démonte l’ouvrage, on la remouille, on la remet et ça resèche tout seul. Le matériau terre est inépuisable en fait».

En meilleure santé

Les matériaux biosourcés sont prouvés comme étant moins nocifs pour la santé que les matériaux non-biosourcés utilisés dans la maçonnerie moderne. Le Compagnon maçon le confirme, «ces matériaux sont plus agréables et moins nocifs. C’est un détail, mais il n’y a pas longtemps j’ai fait du béton parce que ça m’arrive. Alors j’ai utilisé pas mal de ciment certes, mais tout de suite ça m’a irrité les mains et provoqué des problèmes cutanés, alors que quand j’utilise de la terre, aucun soucis».

 

Dans le bâtiment ancien, «on est de moins en moins nombreux», déclare Gwendal qui lui est ravi et fier de travailler dans ce domaine, car qui dit bâtiment ancien dit patrimoine et rien ne vaut «la satisfaction d’avoir un bel ouvrage et des clients ravis».

 

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